Notre toute dernière Création automnale est maintenant disponible sur les tablettes de nos détaillants spécialisés. La Sieben Hügel a en fait été brassée pour la première fois en 2010 à notre brouepub de Montréal. C’est une lager au malt fumé brassée dans la tradition des rauchbiers de Bamberg en Allemagne. Bamberg est surnommée la ville aux sept collines, c’est de là que vient le nom de notre bière puisque sieben hügel signifie sept collines en allemand.
Pour illustrer la canette de notre lager ambrée, on a fait appel à Martha Elena Saint Martin, alias Sushi con K-tsup. On a jasé avec l’artiste de ses inspirations!
Sur ton site web, tu dis être un·e historien·ne de l’art qui travaille dans l’illustration. Quel est ton parcours artistique ?
J’ai commencé la peinture à 15 ans en autodidacte, je voulais faire des études d’arts plastiques. Mais mon portfolio ne correspondait pas à ça alors j’ai choisi Histoire de l’art. Ça m’a beaucoup aidé à travailler sur le concept et pas seulement la technique. J’ai aussi eu l’opportunité de faire un échange et des classes de peinture, ça m’a appris beaucoup.
Tu as plusieurs styles d’illustration très différents. Peux-tu nous en parler?
Le Prismacolor*, je crois que c’est ma force. La plume et le trait aussi. Le collage c’était parce que je voulais faire quelque chose d’un peu différent et pas seulement des dessins. J’adore travailler avec des styles qui ont des textures. C’est les techniques avec lesquelles je suis le plus à l’aise. Je fais moi-même mes textures à l’encre.
Ça a commencé avec un Inktober** où j’ai expérimenté avec les possibilités de l’encre. J’ai adoré travailler avec des pochoirs, ou faire des taches avec des éponges. J’ai développé ce style et je me suis rendu·e compte que je pouvais aussi faire des matières en digital avec ces textures. Je les scannais et j’en faisais des brushes***. De là j’ai combiné la partie manuelle et Photoshop parce que j’aime la liberté et les possibilités de couleurs que te donne ce logiciel.
As-tu des thèmes de prédilection?
Les paysages c’est ma force, j’aime beaucoup la nature parce qu’elle est belle et symbolique mais ce n’est pas une préférence. Je suis en train d’essayer différents styles de personnages pour en mettre plus dans mes dessins. Je fais d’ailleurs le design des personnages d’un film d’animation en ce moment.
Dans ton illustration de la Sieben Hügel, tu as fait des personnages qui ont chacun leur personnalité justement!
Ce qui guide tout ce que je fais c’est de me trouver moi-même alors j’essaye de faire vraiment ce qui me représente, ce qui m’appelle. Des fois tu fais des choses et tu ne sais même pas pourquoi tu as fait ce choix! Tu connais la base, la technique, la psychologie des couleurs et tout ça mais il y a un côté un peu inconscient que tu ne vois pas et que les autres voient.
Est-ce que tu as eu une source d’inspiration particulière pour cette illustration?
J’ai fait plein de croquis, j’avais en tête de représenter la sensation de fumée. Après j’ai juste fait des rapports dans ma tête: les personnages, les bières. Je me suis dit qu’un désert serait super nice et j’ai pensé à mes couleurs et ça s’est construit tout seul.
Tu suis une formation de concepteur-infographiste au collège Salette. Tu veux te diriger vers ce métier?
Quand j’ai fini en Histoire de l’Art, j’ai fait un séminaire d’édition dans lequel je devais faire un livre. C’est de là qu’est venu l’illustration. J’ai beaucoup aimé l’édition. Et j’ai réalisé que le design éditorial aidait vraiment pour mener les projets à bien. J’ai aussi découvert comment les maisons d’édition fonctionnent. Je suis venue ici avec l’idée en tête de travailler là-dedans en tant que graphiste. Mais maintenant que je suis à l’école, où on travaille sur des projets en équipe, je fais aussi un peu de direction artistique. Je n’avais jamais pensé à en faire mais j’aime ça! C’est peut-être un chemin que je pourrais prendre. Travailler dans une maison d’édition ça serait incroyable!
Tu viens de Mexico, qu’est ce qui t’a amené·e à Montréal?
La première raison c’est parce que j’avais déjà un réseau d’ami·es ici. Je trouve aussi que le design, les romans graphiques, l’animation est super forte ici. Il y a beaucoup plus d’opportunités dans ce que je fais qu’au Mexique où le design est fort mais pas si bien reconnu. Je voulais aussi vivre dans une ville ouverte d’esprit et je savais que c’était le cas de Montréal.
Comment s’est passé la transition?
C’était plus tough que ce à quoi je m’attendais. Mais je crois que c’est le cas pour tous les immigrants en général et il y a des personnes pour qui c’est beaucoup plus dur que moi. J’avais appris le français jeune parce que je suis allé·e dans un lycée français mais ça faisait 8 ans que je ne l’avais pas parlé. Donc au début ça a été difficile. Ça arrive aussi parfois quand tu déménages dans un autre pays que certaines personnes te voient avant tout en tant que « latino ». Bien sûr c’est important mais on n’est pas seulement ça.
Autrement ici c’est une autre culture même si je trouve que la façon d’être est proche de celle du Mexique. C’est une autre musique, une autre bouffe…ça implique de changer tes habitudes et ta manière de penser. J’ai tellement changé depuis mon arrivée ici!
Pourquoi collaborer avec Dieu du Ciel! ?
Le design de Dieu du Ciel! est fort et une partie du réseau d’ami·es dont je parlais travaillait ici, donc je connaissais déjà le pub. La première bière que j’ai essayée quand je suis arrivée c’était une Péché Mortel. Avant de m’installer à Montréal j’y étais venu·e un mois en décembre et la quantité de bières artisanales qu’il y a ici m’avait impressionné·e, j’adorais ça! Donc quand je suis arrivée je me suis dit, « je vais envoyer mon portfolio à Dieu du Ciel! et on va voir ce qui se passe ».
On avait adoré tes illustrations dans le magazine de cinéma Little White Lies, donc on était vraiment heureux que tu nous contactes! As-tu des artistes qui t’inspirent et que tu aimerais nous faire connaître?
Il y en a un dont je parle toujours, c’est le designer Alejandro Magallanes. Il est partout au Mexique. Il est devenu le designer graphique en chef d’une petite maison d’édition de Oaxaca (Almadía Editorial) qui sortait des livres super bons mais peu attrayants. Il a changé toute l’esthétique et maintenant la maison d’édition est l’une des plus réputées du pays. Il fait un peu de tout; typographie manuelle, illustrations, collages, poésie…c’est un génie. Il est venu faire une conférence à l’UQAM, je n’ai pas pu y aller mais j’ai fait un entretien avec lui, et maintenant on se tient au courant. Il est vraiment cool comme personne aussi.
Une autre artiste que j’aime beaucoup c’est Amanda Mijangos. C’est l’une des meilleures illustratrices que je connais. Molly Mendoza aussi, j’adore sa BD Skip.
Tes études se terminent bientôt, c’est quoi la suite?
Je finis en décembre, après j’ai le post-diplôme. Je veux aussi m’améliorer en skate et finir le roman graphique sur lequel je travaille depuis longtemps!
Merci Martha!
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Retrouvez les illustrations de Martha sur son site web : sushiconktsup.com | Instagram @sushi.with.ktsup
Pour aller plus loin :
Article du collège Salette sur l’illustration de la Sieben Hügel par Martha
alejandromagallanes.com | Instagram @magallanes71
amandamijangos.com | Instagram @amandamijangos
mollymendoza.com | Instagram @mollymendoza.art
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* Prismacolor = crayons de couleur
**Liste à thème d’une illustration à réaliser chaque jour d’octobre donnée sur les réseaux sociaux aux artistes.
***Textures utilisées avec l’outil pinceau dans les logiciels de retouche, traitement et dessin tels que Photoshop.
